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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 22:00

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AU-DELA DE LA HAINE

   (page 10)

 

C’est vrai, je m’en souviens maintenant : Aldo est parti en vacances chez son frère à Nice… Il parle tant quand il déboule chez moi que souvent je zappe… J’essaie, je fais des efforts, mais c’est finalement seul que je préfère rester… et boire… et pleurer sur mon sort… et penser à Elle…

Ca n’a pas toujours été le cas. Je n’ai pas toujours été cette espèce d’ermite que je suis devenu. J’aimais le contact des autres. Etudier les personnalités de ceux qui m’entouraient suivant leurs classes sociales. Ecouter. Regarder. Apprendre.

Quand j’étais cartonneur, je travaillais avec beaucoup de fermiers, bergers, agriculteurs… Faire les trois/huit leur permettait de cumuler les tâches… Ils m’ont appris le goût des choses simples. Le bonheur de travailler la terre, de l’ensemencer, de récolter… De regarder le ciel, d’écouter la nature, d’étudier le cycle de la lune… De faire un festin d’un pain de campagne, d’un saucisson, d’un camembert et d’un litre de rouge… De partager... De se taire… D’écouter… Ils m’ont rappelé, mais ça je le savais depuis l’enfance,  la fidélité et la douceur qu’on peut lire dans les yeux du chien qui se contente d’une caresse en guise de récompense lorsqu’il a rassemblé le troupeau…

 

Ouais, c’est bien ce qu’il m’a dit Aldo : « je pars me faire dorer la pilule sur la Côte d’Azur pendant un mois chez mon frangin ». Tu parles… Il n’en a rien à foutre de la plage, c’est plutôt le petit rosé de Provence qui l’attire… Rires…

 

La suite : paris point zéro 

 

 

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8 juin 2010 2 08 /06 /juin /2010 22:00

 

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AU-DELA DE LA HAINE

   (page 9)

 

 

Qu’est-ce qui lui prend à Athos à hurler ainsi à la mort ? C’est lugubre… Il va encore se prendre un coup de pied dans le ventre…

Je n’arrive plus à mesurer le temps… Depuis combien de temps suis-je couché là ? C’est agaçant d’être à la fois victime et spectateur… Si au moins les rideaux n’étaient pas tirés j’aurais pu faire signe au bloc des coucous, ou du moins j’aurais pu me repérer à la lumière du jour et l’activité des gens pour savoir l’heure qu’il est ! Mais j’ai l’impression d’être comme dématérialisé, ma main passe comme au travers du tissu sans parvenir à l’écarter… Voilà ce que c’est d’être aussi négligent : si je n’avais pas oublié d’acheter des piles pour remplacer celles de l’horloge j’aurai au moins un repère…

Putain c’est long… Ca m’étonne quand même qu’Aldo ne soit pas encore venu voir si je n’avais pas un rab de liquide… C’est vrai que la dernière fois je l’ai un peu envoyé sur les roses aussi… Il y a des jours, quand j’ai trop le cafard, je n’ai pas envie de voir personne… J’ai un bon fond –maman le dit toujours- mais je suis aussi très soupe-au-lait, alors même si je le regrette aussitôt, j’envoie chier tout le monde.

Je n’aime pas montrer mes faiblesses…

Je préfère que l’on me haïsse, plutôt que d’inspirer de la pitié.

Même si j’ai aussi mal que celui que je rejette…

 

Et je dois en inspirer de la haine !

 

A Elle, tout d’abord que je n’ai pas su rendre heureuse…

A vous, mes parents, d’être aussi indigne de l’éducation et de l’amour que vous m’avez dispensés…

A vous mes sœurs, qui devez avoir tellement honte de votre frère aîné qui n’est qu’un raté…

Et surtout vous mes Chéris, mes Amours que je n’ai pas été capable d’élever convenablement…

Quels souvenirs vous laisserais-je à tous si un jour, il devait m’arriver quelque chose ?

 

La suite : paris point zéro

 

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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 22:00

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AU-DELA DE LA HAINE

   (page 8) 

 

J’ai si honte…

Ca, ça veut dire que je suis complètement dessaoulé. Quoique...

La conscience…

Elle est terrible la conscience ! Elle vous met face à vos responsabilités. Face à  vos incompétences… Face à vos faiblesses... Face à vous-mêmes !

C’est terrible de ne pouvoir retourner en arrière !

J’aurai  tellement aimé à certaines époques, pouvoir retracer à la craie sur le grand tableau noir de la vie mes erreurs, les détailler, les analyser et en tirer les leçons… Puis L’appeler, La prendre par la taille, La tenir serrée contre moi et là,  Lui offrir une éponge pour qu’Elle efface tout ce qui a pu lui faire du mal et la décevoir,  mes maladresses, mes oublis… Ne garder de notre Histoire que le meilleur… et, débarrassés de toutes meurtrissures,  tracer ensemble un avenir de douceur et d’Amour…

Mais on ne peut changer l’histoire.

On ne peut rien effacer.

Juste essayer de vivre avec.

Juste  trouver des palliatifs.

Elle, les médicaments.

Moi, l’alcool.

Nos éponges, pour effacer nos consciences face à la noirceur du tableau.

 

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 22:00
AU-DELA DE LA HAINE

   (page 7) 

 

L’aîné, Thomas, c’est sûr ça ne risque pas : ça fait dix ans que je ne l’ai pas vu. Il en a tant bavé ! On lui a mis sa mère et moi, si jeune, la responsabilité d’assumer ses frères et sœur quand nous n’en étions plus capables… Je ne peux pas lui en vouloir. Je suis si fier de lui ! Il est marié, deux enfants, une belle situation… Physiquement c’est celui qui me ressemble le plus… Mais il s’applique à être dans la vie tout le contraire de moi… Il a raison ! Oh oui, je suis vraiment fier de lui… Même s’il ne le sait pas.

Ma fille Ludivine, je l’ai revue par hasard dans un supermarché il y a deux mois. Elle était avec son amie. Je l’avais à peine reconnue. Cinq années qu’elle était partie… Elle m’a embrassée direct quand même, comme si de rien était, comme elle aurait embrassé un copain qu’elle aurait rencontré comme ça… Elle semblait heureuse avec cette fille. Je respecte ! Je suis un peu triste qu’elle soit lesbienne… Sans doute un petit reste de l’éducation droite et un peu coincée  que j’ai reçue au Nord…

Je me sens triste, mais je respecte ! Elle a toujours été différente, révoltée, garçon manqué… J’espère qu’elle sera vraiment heureuse… Je sais, que contrairement à ses frères, elle a gardé des liens étroits avec Elle. Je m’en réjouis. Une mère et sa fille se doivent d’être complices…

 

Quoique moi, je sais que j'ai toujours été  le « chouchou » de  maman…

Maman… Si tu voyais ton fils à cet instant… Tu en verserais des larmes… Mais tu n’en sauras rien. L’avantage d’habiter loin ! Je vais me retaper et bientôt je reviendrai chez nous quelques jours. Tu me manques maman. Toi aussi papa. Vous aussi mes sœurs. Je vous aime et ça fait si longtemps que je ne vous ai pas vus. Dans quelques jours, promis, je reviendrai au pays. Laissez-moi juste le temps de me requinquer… 

 

Il n’y a jamais qu’Olivier qui pourrait venir me voir… Mais faut dire que la dernière fois qu’on s’est parlé au téléphone j’ai été dur, quand il m’a reproché d’être encore saoul alors qu’il devait passer me chercher pour passer le dimanche avec  sa femme et son bébé. Je l’ai envoyé bouler en lui disant qu’il n’avait qu’à me ficher la paix, je ne n’avais pas d’ordre à recevoir de lui et que je menais ma vie comme je l’entendais…

Quel con je fais ! J’ai pourtant bien de la chance qu’il se préoccupe régulièrement de moi. Il lui faudra quelques jours pour revenir…

Mais je sais qu’il reviendra… Il ne m’a jamais laissé tomber.

Je ne le mérite pas.

 

Quand au dernier, mon bébé… Il est si fragile…

Faudrait surtout pas qu’il passe à la sortie du lycée comme il le fait parfois avant de rentrer chez sa mère… Ne viens pas surtout Erwan… Je ne veux pas que tu me vois dans cet état ! Tu parles d’un exemple…

 

 

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5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 22:00
AU-DELA DE LA HAINE

   (page 6) 

 

Elle fait quoi la petite mémé ? Elle traîne non ? Elle devrait être de retour depuis longtemps déjà non ? Tiens, à côté, on dirait la musique du générique des boîtes d’Arthur « A prendre ou à laisser »… On est quand même pas déjà en fin de journée ? J’ai du perdre connaissance…

« Les voisins ! –Les Bégueules, pour compléter la liste -… Laissez vos boîtes ! Prenez le téléphone, pas pour la proposition du Chacal, mais pour appeler les pompiers et sauver ma vie… Je viens de comprendre qu’elle est quand même importante… Je n’ai pas dit mon dernier mot… Je veux encore La reconquérir… Oui je crois que cette fois je trouverai les paroles qu’elle croira… Oui elle verra combien je serai sincère quand je lui jurerai à nouveau que je vais arrêter… Parce que cette fois, c’est sûr : je vais arrêter vraiment. »

 

Je m’habitue à ce dédoublement…

N’empêche que je ne me trouve vraiment pas bonne mine. Cette plaie à la tête… Comment j’ai pu me faire ça ? 

Et puis j’éprouve comme un sentiment de honte… Ce n’est pas digne cet état. Qu’est-ce qu’ils vont penser ceux qui me découvriront tout à l’heure ? Je me sens si crade et si peu fier de moi…

Pourvu que mes enfants ne me voient pas ainsi !

Remarque c’est peu probable. Je les vois si peu !

Ce serait bien ma veine que l’un d’eux passe aujourd’hui.

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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 22:00
AU-DELA DE LA HAINE

   (page 5) 

 

« Oh ! Hey ! Petit ! Préviens ta mère, la Blondasse –je l’avais oubliée celle-là tout à l’heure dans ma liste- dis-lui que je me suis vautré sur le carrelage et que je n’arrive pas à me relever ! »

Je l’aime bien ce gamin du quatrième… Il a un petit retard côté cérébral, mais il est mignon. Faut dire qu’avec sa mère qui lui gueule dessus du matin au soir, il y a de quoi déconnecter de temps en temps… Je ne comprends pas ces mères qui ne savent plus parler normalement à leurs mômes sans se mettre à hurler…

Je ne crois pas avoir jamais hurlé sur mes enfants…

Hurlé, oui ! Et comment ! Quand Elle m’a dit qu’Elle partait, qu’Elle n’en pouvait plus, toutes ces conneries que l’on dit quand l’Amour se perd dans les vagues de la routine, de l’ennui d’un quotidien sans surprise, quand l’Amour se noie dans un verre, quand les rêves se meurent dans les médocs…

Oh, oui j’ai gueulé comme un porc qu’on égorge, quand Elle m’a laissé… et mon cœur continue de gueuler comme il a mal sans Elle…

Mais je n’ai jamais hurlé sur mes enfants… Nos enfants… Nés de Notre Amour… Seulement… Ai-je jamais su être un père ?

 

« Petit,  je t’en prie ! Lâche ta balle, ça m’énerve un peu d’ailleurs de l’entendre rebondir sur le sol, tu vas encore énerver ta mère aussi qui va se remettre à gueuler. Allez, arrête ça et préviens les secours, je vais mal… »

Tu pars… Tant pis…

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 22:00
AU-DELA DE LA HAINE

   (page 4) 

 

Je suis originaire du Nord de la France, moi. Chez nous les Ch’tis on parle volontiers aux gens. Dans mon quartier, ma ville même presque, tout le monde se connaît. Tout le monde se salue.

Quand j’ai déboulé à vingt-et-un an à Paris, ça m’a fait tout drôle. C’était un rêve pour moi ! PARIS ! La Capitale ! Je connaissais par cœur tous les arrondissements, tous les grands axes, et les rues des quartiers les plus connus.

Aznavour, lui, « se voyait déjà en haut de l’affiche », moi non, je me voyais juste « Parisien »…

Quitter cette usine où j’étais cartonneur… Un métier de dingue où je devais attraper  les verres posés sur un  tapis qui défilait imperturbablement devant moi sans me laisser le temps de me moucher ou me gratter. Il fallait en prendre quatre de la main droite et quatre de la gauche pour les ranger dans des cartons. Les études, ce n’était pas mon truc, alors à seize ans j’ai choisi d’aller l’usine, pour gagner ma vie.

Oh ! Ce n’est pas que je sois bête, ni que je ne n’aime pas apprendre… Ce serait plutôt que j’aime choisir mes leçons. Qu’en avais-je à faire que (a+b)2  soit égal à

 a2+2ab+b2 ? Est-ce bien utile de calculer le temps que mettra la baignoire pour se

 remplir ? Je ne prends que des douches… En classe j’aimais la géo, le français… J’étais bon en rédac… J’avais tant de rêves et d’imagination plein la tête que c’était facile d’inventer des histoires même si l’orthographe c’était pas toujours ça.  Cinquante ans que j’écris « vacanses », pas moyen de me rappeler ce satané « c ». Faut dire qu’il ne fallait pas compter sur moi le soir pour ouvrir mes cahiers et faire des devoirs… Je préférais plonger dans mes livres à moi sur les chiens, les chats, j’en connais quasiment toutes les races, le monde animal me fascine, du plus petit au plus gros, le monde entier me passionne j’en ai feuilleté des Atlas ! Les us et coutumes des différents pays sont si captivants… Les livres ont toujours eu une place importante dans ma vie, j’ai peu de meubles mais des bouquins, ah ça ! il y en a partout. Dix ans d’école m’ont largement suffit, et même encore aujourd’hui je ne regrette pas d’en être vite parti…

Ma mère m’a regardé partir en pleurant. Ma « musette » sur l’épaule j’étais pourtant fier, moi, d’aller gagner ma vie. Ce n’était pas le fait que je ne sois qu’un simple ouvrier qui chagrinait maman, mon père était mécanicien et a subvenu aux besoins de toute la famille sans que l’on ait manqué de quoi que ce soit. On a toujours été très heureux. Maman, qui avait abandonné son métier de lingère à ma naissance, confectionnait les habits de nous cinq, des jeans « pattes d’eph » aux pyjamas, des manteaux aux jupes plissées de mes sœurs, des chemises de travail de mon père à la robe pailletée de Noël des trois femmes de la maison… Ca lui permettait d’économiser les heures supp’ que papa faisait souvent pour partir l’été en vacances.

L’ambition n’était pas essentielle dans nos projets.

Je crois que ce qui était le plus important pour mes parents c’était le courage de gagner  le nécessaire sans ne rien demander ni devoir à personne, l’amour qu’ils se  vouaient et de savourer à chaque instant de ce bonheur d’être une famille heureuse et unie.

Non, les larmes de maman, c’est juste que malgré tout, sans viser trop haut une maman envisage toujours mieux pour son fils, du moins le moins dur possible…

Celles qu’elle avait versées ce matin-là,  redoublèrent quand elle m’a vu rentrer huit heures plus tard, les lèvres desséchées parce que je n’avais même pas osé boire entre deux cartons,  à la bouteille d’eau qu’elle  avait glissée dans mon sac, de peur de manquer quelques verres. Je m’étais seulement autorisé les vingt minutes de pause casse-croûte légale où un gars était venu prendre le relais à ma place au tapis. C’est comme ça l’usine ! Tu ne dois jamais baisser ta cadence, tu ne dois jamais abandonner ton tapis sans le relais, sinon les verres, ils tombent… C’est dire s’il valait mieux ne pas te chopper une gastro… Rires… Mouais… J’suis un marrant… J’étais un marrant…

Je ne comprenais pas le chagrin de maman…

Moi j’étais fier : je bossais enfin !

Je n’étais plus un gamin, mais un adulte !

Je ne regrette rien de cette époque où je faisais les 3/8 qui consistait à travailler en équipe de huit heures réparties sur trois jours, le premier de 5 heures du matin à 13 heures, le second de 13 à 21 heures, le troisième de nuit de 21 à 5 heures. Le quatrième jour était repos. Même si papa considérait qu’appeler ça « repos » n’était pas adéquat parce « qu’enfin quand on n’a pas dormi de la nuit  on l’a quand même pas volée cette journée ! »

Il disait ça en s’énervant quelque peu parce que je crois qu’au fond, comme maman, il avait espéré mieux pour son fils…

 

 

 

 

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2 juin 2010 3 02 /06 /juin /2010 22:00
AU-DELA DE LA HAINE

   (page 3) 

 

C’est dingue de penser qu’en habitant dans une tour de huit étages, je ne connais pas mes voisins. Pas un nom. Juste des surnoms que je leur donne d’après leur physique : « le Fil de fer », « le Black », « la Tarlouze », « le Cocu », « le Routier »… J’ai un peu plus d’imagination pour les femmes : « la P’tite Bellotte », « la Bombe », « Bobonne » -elle me fait pitié elle, avec ses cocards : son salopard de mec la tabasse tous les soirs. Comment peut-on taper sur une femme ? Même bourré, je n’ai jamais levé la main sur personne. Jamais je n’aurais pu lui faire du mal à Elle, ni à mes enfants… Jamais ! –… « la Rouquine », « la Nympho »- tu parles on l’entend toutes les nuits à tous les étages…

Ouais… C’est pas banal la vie en appartement… Et puis de la fenêtre, je vois l’immeuble d’en face. Je mâte un peu… Ca fait passer le temps. Je regarde aussi  les gosses qui jouent au ballon, en bas sur le parking, les ados qui se roulent des pelles sur les bancs ou qui dealent dans les coins, et puis là-bas tout dans le fond, entre le bloc des « coucous » et celui des « mésanges » quand il fait beau, je peux deviner la Tour Eiffel, ma déesse…

J’aime bien ce monde grouillant… Cette vie agitée de… solitude.

Oh ! J’ai bien essayé de lier conversation avec ceux des « éperviers » -mon bloc à moi-, j’ai bien tenté une approche mais… quel « vent » ! A part la Petite Mémé et Aldo, mon pote du sixième, un alcoolo qui vient frapper chez moi pour se faire inviter à trinquer quand il n’a plus un rond, je n’ai pas réussi à dégeler l’atmosphère.

 

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1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 22:00
AU-DELA DE LA HAINE

   (page 2) 

 

Des pas sur le palier… Ca c’est le gros motard du cinquième qui va faire pisser son chien… « Hey ! Gros ! J’suis dans la merde là ! Fais quelque chose ! » Putain ! Pourquoi j’arrive pas à crier ? Des reniflements là  sous ma porte… Bon chien ! Oui tu le sens toi que quelque chose ne va pas ici… Viens ! Préviens ton maître. C’est un con qui ne desserre jamais les dents mais toi tu vas lui faire comprendre hein que je suis entrain de crever, là tout seul, que j’ai besoin d’un toubib… Bon chien ! Allez gratte encore... Oui c’est ça…

-         « Athos ! Aux pieds ! »

Un jappement de douleur…

Sale gros con ! Tu lui as encore balancé un coup de pied ! Tu as de la chance d’être gaulé trois fois comme moi, sinon je te dirai bien ma façon de penser. Faut pas cogner les bêtes… Elles, au moins elles te donnent sans compter… Sans reprendre…

Il doit être alors à peu près sept heures. Je dors si peu… Je ne sais plus à quelle heure je me suis levé… Souvent je me réveille dans le fauteuil face à la télé vers trois heures du mat, alors je me fais du café et je grille une cigarette sur le balcon, au frais… C’est à peu près vers sept heures d’habitude  que le Gros descend avec Athos. Qui est-ce qui va passer après ?

La petite mémé de l’appartement du dessus, vers neuf heures normalement. Elle, elle va me sauver… Elle me parle, elle, de temps en temps quand on se croise dans l’escalier. C’est pas toujours cohérent parce que la petite mémé elle fait un peu d’Alzheimer. Mais je l’aime bien. On se parle peu, trois/quatre mots comme ça sur la pluie et le beau temps et les oiseaux parce qu’elle met du pain sec sur son balcon pour les pigeons. Quand elle part quelques jours chez ses enfants en banlieue, elle dit « et qui c’est qui va leur en donner en mon absence ? ».

Je la rassure en lui promettant de le faire à sa place. Alors elle me sourit. Elle est contente. Elle part plus tranquille, même si elle objecte que « ces pauvres petites bêtes » ne vont pas comprendre pourquoi le pain sera sur  le balcon d’en-dessous et qu’elle espère qu’ils reviendront bien sur le sien à son retour…

Je crois qu’elle m’aime bien aussi. Elle me fait penser à ma grand-mère, et je dois lui rappeler un de ses petits-fils aussi parce que quelquefois quand je l’aide à porter son cabas jusque chez elle, elle m’appelle Alain. Je lui dis « Non, moi c’est Dimitri ! Le gars du dessous… » Mais elle n’écoute pas. Ses neurones se mettent à tout mélanger. Alors je la laisse avec ses souvenirs, son passé, et je redescends dans mon gourbis avec la canette de bière qu’elle m’a offert pour me remercier.

- « Mais, non Madame… C’est normal d’aider sa voisine…

- Si, si ! T’es un bon p’tit gars Alain, tu la boiras à ma santé ! »

Dommage ! J’avais décidé d’arrêter… C’est un cas de force majeure ! Je ne peux pas contrarier la petite mémé… A la tienne mémé !  A cette chienne de vie qui gâche tout. Comme si la vieillesse n’était pas un fardeau suffisant ! Pourquoi faut-il lui ajouter la folie ?

Ah ! La voilà qui passe… « Mémé ! Préviens les pompiers s’il te plaît ! C’est pas la grande forme ici aujourd’hui ! Mémé… »

Elle ne m’entend pas non plus… Au retour peut-être ? Quand elle remontera ses courses, elle pensera à moi en passant devant ma porte, elle tapera pour savoir si je veux bien l’aider à monter à l’étage au-dessus. Oui, sûrement ! Encore une bonne heure, peut-être deux… Patience Dim ! Patience ! Accroche-toi ! Bientôt on va s’occuper de toi…

 

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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 22:00

Certes, les chiffres je vous l'ai expliqué bouffent ma vie... mes nuits. 

Mais ils ne sont pas les seuls... 

J'ai commencé en août de l'année dernière une nouvelle voire un roman, j'ignore où l'inspiration me conduira.. 

  Oh je sais, ce n'est pas ma première tentative et peut-être restera-t-il en plan comme les autres, mais... celui-là, il me tient à coeur parce qu'il hante presque toutes mes nuits, tel un fantôme qui ne pourra rejoindre la lumière que lorsque j'y aurai posé le mot fin. 

 

Comme le temps, le stress et cette ombre  me privent de toute création poétique pour alimenter Litterrances,

 j'ai décidé de poster ici chaque page de cette histoire  qui s'intitulera :

 

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AU-DELA DE LA HAINE

   (page 1) 

 

  

Bon sang ! Qu’est-ce que je tiens ! J’en ai pris des cuites… Ah pour sûr, je suis passé par tous les stades :  les cuites à gerber partout, celles à pleurer comme un gosse, celles à baisser mon froc et danser sur la table, celles à vouloir se foutre en l’air en se jetant du dernier étage de l'immeuble, celles à voir des bestioles courir partout sur les murs, à hurler ou tomber dans le coma, à voir double, à paniquer et appeler les pompiers… mais jamais encore je n’ai eu cette sensation de dédoublement.

 

Je me vois là, par terre, baignant dans mon bol de café cassé et renversé sur le sol, baignant dans mon urine, le cuir chevelu entaillé, les cheveux plaqués sur le sang caillé de la plaie, baignant dans mon sang…

 

C’est drôle… Je peux faire le tour de ce corps inerte.

 

J’avance ma main mais je ne peux le toucher, je n’ai aucune sensation…

 

Il faut prévenir quelqu’un, me porter secours…

 

Mais mes mains ne parviennent pas à toucher les objets, je n’ai aucun moyen de préhension des choses, il m’est impossible de tourner le bouton de la porte d’entrée. Je suis pris de panique…

 

Je veux courir hors de la pièce, hurler « à l’aide » mais je n’ai plus de toucher et aucun son ne sort de ma gorge… Je passe devant un miroir, mais il ne me renvoie aucune image.

 

Je croyais connaître tous les rouages de  l’alcoolisme.

 

Je me demande ce que va en penser mon psy, quand je lui raconterai ces nouvelles sensations… Je croyais avoir déjà atteint l’ultime stade. 

 

-         « Vous avez de la chance Monsieur d’être de bonne constitution parce que vous mettez vraiment votre corps à rude épreuve. A boire autant, votre œsophage et votre estomac sont complètement brûlés, d’autant plus que vous ne vous nourrissez quasiment plus… »

 

A quoi bon docteur… Je sais  tout ça. Mais j’ai un tel vide en moi… que je dois le remplir d’alcool, puisque je ne peux le remplir... d’amour !

 

La suite : paris point zéro

 

 

 

 

 

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