AU DELA DE LA HAINE
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La majorité et le BAC c’était la ligne d’horizon de ma chérie, parce qu’alors ses parents ne verraient plus d’obstacle à notre Amour. Le chef avait compris depuis longtemps. Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire la grimace… Rires ! Il m’avait à la bonne… Heureusement ! De temps en temps après le service il me disait : « Allez viens gamin, je t’invite boire un verre au mess ».
L’alcool, je ne le supportais pas bien à cet âge-là, faut dire que chez mes parents on le réservait pour les rendez-vous familiaux, et qu’avant vingt ans on ne le proposait même pas. Et surtout, maman veillait à faire appliquer sa propre loi qu’elle avait mis en place chez elle que ça plaise ou pas : on range les bouteilles après le deuxième apéro ! Certains diront « tu parles, vous buviez de la bière à tous les repas dès une dizaine d’année »… c’est vrai, dans le Nord dans les années soixante dix c’était comme ça dans tous les foyers. Le brasseur déposait chaque semaine, une caisse de bière au litre, une autre d’eau, et trois bouteilles de vin rouge pour accompagner le fromage. Je ne crois pas qu’en degré ça volait très haut… Ni que ça devait faire de nous des alcooliques… Et puis au fil des années, maman a supprimé la bière parce que le brasseur ne passait plus et que les « canettes » étaient justement trop « fortes » donc eau pour tous aux repas. Papa a fait une drôle de tête. Mais il n’a rien dit. Papa ne contredit jamais maman. Personne ne contredit maman !
C’est à l’armée que j’ai commencé à prendre mes premières cuites avec mes compagnons d’appel, pour faire comme les autres, quand la permission du week-end était trop courte pour revenir dans nos familles. Je n’en éprouvais ni plaisir, ni fierté…
A l’école de gendarmerie, d’autres copains, d’autres longues soirées entre mecs à combler… d’autres cuites. Une fois le diplôme en poche j’allais pouvoir reprendre une vie saine sans passer pour un dégonflé…