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LE NORD
PAS DE CALAIS
Fille du Nord
Je suis fille du Nord, une Ch’ti comme on dit,
La tête dans les nuages et le cœur sur la main ;
J’ai en moi la fierté des gens de mon pays,
La force des gueules noires et des vaillants marins.
A quelques enjambées du plat pays de
Brel,
Seulement quelques brasses des côtes anglaises,
Je vis près des marais et espaces naturels,
Entourée de forêts, étangs, mers et falaises.
Et si quelques blockhaus parsèment le
paysage,
C’est pour que la mémoire se rappelle les blessures
Infligées par les guerres qui firent grand ravage,
Laissant dans les familles tant de meurtrissures.
Alors pour oublier, la bière coule à
flot,
On fait des carnavals et on sort les géants,
Chantant d’une seule voix on se croit tous égaux,
Chez nous pour faire la fête on est toujours partant.
De grandes braderies investissent les
villes
Jour et nuit ça marchande et c’est même cohue,
Et cette tradition qu’on n’observe qu’à Lille
Des coquilles de moules, empilées dans les rues
Bien sûr que notre accent écrase le
français,
Mais si l’on parle vite et qu’on mange nos mots,
C’est pour vous en dire plus et vous faire renoncer,
Avant de nous connaître, à repartir trop tôt.
Le vent du Nord qui souffle, fait
tourner les moulins
Et les éoliennes de notre littoral,
Mais qui sait écouter entend dans le lointain
Que les gouttes de pluie font tinter le cristal.
Je suis fille du Nord, l’Aa coule dans mes veines
L’amour de ma région fait palpiter mon cœur,
Tant pis si les nuages déploient leur longue traîne,
Le soleil chaque jour brille dans mes yeux rêveurs.
Hier, dimanche 10 mai 2009, j'ai profité du beau soleil qui inondait nos
plaines,
pour aller me promener derrière la frontière,
à Ypres en Belgique.
Je j'ignorais mais c'était précisément le jour de la fête des Chats.
En voici l'Histoire :
Au pied de la chaîne des monts de Flandre,
les marchands empruntaient jadis une route du commerce depuis Arras jusque Bruges, en passant par Ypres, ville belge prospère, protégé par de solides
murailles.
De la haute tour qui dominait le marché,
les échevins s'adressaient de temps à autres aux Yprois.
Durant les foires et les marchés,
les chats étaient très recherchés pour garder les grains et les aliments
entreposés dans les greniers, des nuisances des rongeurs.
C'est qu'en ce temps-là, l'espèce animale se devait de se rendre utile à l'homme !
(et la SPA n'existait pas !)
Une fois les négociations commerciales achevées et les denrées vendues et distribuées, les gentils félins devenaient alors inutiles, voire nuisibles.
Les employés communaux traquaient alors les pauvres
bêtes,
qui, pour service rendu, étaient enrubannées et fleuris
avant d'être confiées aux membres de
l'échevinage,
qui les jetaient alors du haut de la tour sur le pavé de la grand-place,
ou à la foule en délire qui en disposait comme elle l'entendait.
Cette sordide coutume a été, je vous rassure, définitivement abolie au XIXè
siècle.
Néanmoins hier, quand je suis arrivée sur la Place d'Ypres
une espèce de polichinelle rouge et blanc
jetait depuis le balcon de l'Hôtel de ville multitude de chats... en peluche !
Illustré par les oeuvres de Dominique Van den BROECK
Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l'est écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien
Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d'ouest écoutez-le vouloir
Le plat pays qui est le mien
Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler
Avec le vent du nord écoutez-le craquer
Le plat pays qui est le mien
Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot
Quand les fils de novembre nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire, quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud, écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien.
Jeudi 8 mai 2008... 28°... et après on dira qu'il fait froid dans le Nord !
Nous voici à l'entrée de la petite ville fortifiée par Vauban : Bergues également appelée l'autre Bruges des Flandres
qui doit son actuelle notoriété grâce à Dany Boon et son film
"Bienvenue chez les Ch'tis".
Petite cité de caractère fière de sa culture, de ses traditions et de son patrimoine,entièrement corsetée de ses remparts et nichée au creux de son
Beffroi
Comme vous pouvez le constater, il ne drache pas!
le Beffroi
Dernier survivant des trois carillons existants avant la révolution française de 1789, le carillon du beffroi est intimement lié à la ville de
Bergues, dont il rythme toute l'activité en sonnant sa ritournelle tous les quarts d'heure ou quand il s'éveille sous les poings du carillonneur...
Carillonneur : Jacques MARTEL (Depuis le 1er novembre 1999)
Ses canaux
La place et l'hôtel de Ville
L'église
St-Martin
et pour l'anecdote...
le local utilisé pour le bureau de poste du film
Photos personnelles et empruntées pour le carillon et son carillonneur àhttp://www.bergues.fr/
Alors pas mal Heinnnn ! Té viens quand Biloute ? Clo
Plus de dix-huit millions d'entrées pour le film de Dany Boon "Bienvenue chez les Ch'tis" !
Encore deux millions et on coule une seconde fois le Titanic...
Pour ceux qui ne seraient pas encore allés prendre leur cure de simplicité et de bonne humeur de l'année, une petite leçon de Ch'ti s'impose peut-être, alors... prenez des notes :
Distribué lors de l'avant-première
Dans une conversation :
On ne dit pas PETIT, on dit TCHIO On ne dit pas CHAUD, on dIt KO On ne dit pas
C'EST BEAU, on dit CH'EST BIAU On ne dt pas PLEURER, on dit BRAIRE On ne dit
pas CHIEN, on dit KIEN On ne dit pas PARDONNEZ-MOI, JE N'AI PAS BIEN COMPRIS LE SENS DE VOTRE QUESTION, on dit HEIIIN ? On ne dit pas PUTAIN, on dit VINGT DE DIOUSSE On ne dit pas RIEN, on dit
REIN
On ne dit pas ICI, on dit ICHI On ne dit pas MERCI, on dit MERCHI On ne dit pas
VOIR, on dit VIR On ne dit pas MERDE, on dit DU BRUN On ne dit pas CA VA, on
dit CHO VO On ne dit pas ALLEZ-Y N'AYEZ PAS PEUR, on dit SAQUE EUD'DANS
On ne dit pas DES HISTOIRES, on dit DES CARABISTOULES On ne dit pas CON, on dit BOUBOURSE On ne dit pas QUOI, on dit QUO On ne dit pas BORDEL, on dit MILLIARD On ne dit pas FOU, on dit BABACHE On ne dit pas JE T'AIME, on dit J'CHTE KER
AU CINEMA
On ne dit pas KAD MERAD, on dit KOD MEROD
On ne dit pas DANY BOON, on dit BOBI BOOM
A LA MAISON On ne dit pas CHAISE, on dit CAILLELE On ne dit pas LINGE, on dit
LINCHE On ne dit pas SERPILLIERE, on dit WASSINGUE
On ne dit pas SALON, on dit CHALON
AU CAFE (ESTAMINET)
On ne dit pas UN PASTIS, on dit TCHIOT JAUNE
On ne dit pas NE BIERE, on dit EUNE BIR On ne dit pas COCA COLA, on dit COCOCOLO
AILLEURS QUE DANS LE NORD
On ne dit pas SUD, on dit CHUD
A L'INTERNATIONAL Et en anglais on dit "I juch colle to chaïye I love yo" de Ch'ti
Viwonder
ANATOMIE
On ne dit pas CUL, on dit TCHU On ne dit pas BOUCHE, on dit BOUK On ne dit pas
PETITE QUEQUETTE, on dit BILOUTE On ne dit pas YEUX, on dit ZIE
PRONOMS ET ARTICLES
On ne dit pas MOI, on dit MI On ne dit pas TOI, on dit TI On ne dit pas MON, on
dit MUN
LE TEMPS QU'IL FAIT
On ne dit pas PLEUVOIR, on dit DRACHER
Distribué par le Conseil Régional du Nord/Pas-de-Calais
Je vous parle d’un temps où l’eau régnait en maître dans cette région qu’est aujourd’hui la Flandre.
Les habitants de cette contrée vivaient du produit de leur pêche et construisaient leurs cabanes et leurs bateaux avec le bois de la forêt, et
trouvaient refuge au pied des collines de l’Artois, contre les envahisseurs.
Au beau milieu d’un marais, qui donna son nom à Bourbourg, des Flamands qui recousaient leurs filets, découvrirent un navire échoué sur le rivage
sablonneux au golfe de l’Aa.
Les plus vaillants le rejoignirent en barque, pour y découvrir étendu sur toute la longueur du pont, un géant très effrayant malgré son
inconscience.
Nos ancêtres au grand coeur, bien que terrifiés ranimèrent le Reuze.
Ce dernier, reconnaissant, leur demanda de le conduire en leurs maisons.
Certes, quoique de nature hospitalière, les Flamands très gênés, lui firent comprendre que leurs embarcations et leurs habitations n’étaient pas
tout à fait aux normes du géant, ce qui le fit éclater de rire.
Il plongea alors son immense bras dans le marais et remonta quantité considérable de sable qui devint un mont, et ce autant de fois qu’il le fallut,
pour lui permettre de débarquer sur de la terre ferme.
Pour s’être en quelque sorte comporté en père pour eux, les Flamands surnommèrent le géant : Reuze Papa, qui leur avait ainsi offert Cassel, le
Mont des Cats, le Mont Noir, le Mont Rouge et le Mont Kemmel, dont ils purent couvrir les pentes de cultures et y construire de jolies chaumières.
Ils aménagèrent également de charmants petits ports au bord de la Mer du Nord, désormais plus accueillante.
Après tant de labeur, ils s’octroyèrent enfin un jour de fête bien mérité.
Un joyeux banquet fut dressé et hommes et femmes tornoyèrent autour du géant en une sarabande.
Un matin pourtant, le Reuze disparut, et ils crurent vraiment qu’il les avait abandonnés.
Le coeur lourd, ils s’employèrent sans y parvenir à repousser la mer, qui grignotait à nouveau les rivages et engloutissait leurs terres.
Et puis, un jour, un très long navire le ramena enfin, avec une superbe géante : Reuze-Maman.
Le couple aida les flamands à poser autour des monts les énormes pierres rapportées de leurs contrées nordiques.
Ils construisirent de grandes digues, creusèrent et aménagèrent le sol pour que toutes les eaux s’y coulent naturellement en Becques* et Watergangs*
pour draîner la Flandre rendue ainsi propice à la culture et à l’élevage sur de verdoyantes prairies.
Il ne reste de cette jolie légende que les monts précités, et que la liesse du peuple flamand, qui, à Cassel, chaque lundi de Pâques, fête les
Reuzes, leurs géants fondateurs.
qui doit sortir en novembre 2006 et qui m'a gentiment été prêtée par
F. Maslankaen exclusivité pour
Litterrances.
Une histoire de Zeph Cafougnette
écrite par Jules MOUSSERON :
Récolte miraculeuse
L'œuvre originale en patois écrite
par Jules MOUSSERON
La traduction par mes soins pour
une compréhension par tous
Comm’ Cafougnette i-armet del tierre
Et qu’i l’ cultiv’ cor assez bin,
Pou li avoir des gros peun’s-tierre
Y-arniquell’ toudis à s’ gardin.
Comme Cafougnette travaille la terre
Et qu’il cultive encore assez bien
Pour récolter de grosses pomme de terre
Il est toujours affairé dans son jardin.
L’autr’ jour, - l’ conseil n’est point baroque, -
In li-avot dit d’ mettr’, comm’ fumier,
Un bout d’étoffe, un morciau d’ loque,
Dins chaqu’ motte’ dûss’ qu’i d’vot planter.
L’autre jour, l’idée n’est point baroque,
On lui avait dit de mettre en guise de fumier
Un bout d’étoffe, un morceau de loque
Dans chaque motte de ce qu’il voulait planter.
Cafougnett', fin contint d' l'arcette,
S'in va cacher des vieux chiffons.
Chaqu' jour y-in ramasse eun' mand'lette
Dins les moncheaux d' chindr' du coron.
Cafougnette, très content de la recette,
S'en va chercher des vieux chiffons.
Chaque jour une corbeille, il en collecte
Dans les monceaux de cendres du coron
Et quand Zeph plant’ ses pétotes
Sitôt passés les derniers froids,
Il instiqu’ sous tierre, à chaqu’ motte,
Un bout d’ loque comme un Riz-Lacroix.
Quand Zeph plante donc ses pommes de terre
Sitôt passés les derniers froids
Il enfonçe sous terre, à chaque motte
Un bout de loque comme un Riz-Lacroix.
I s' dit : « In va vir queu nouvelle ! »
Et i n'a point planté d' huit jours
- Qu'i faich' biau temps au bin qu'i gèle -
Qu' dé s' gardin, l' matin, i fait l' tour.
Il se dit : "On va voir quelle nouvelle !"
Et il n'a pas planté de huit jours
- Qu'il fasse beau temps ou qu'il neige-
Que de son jardin, le matin, il fait le tour.
Infin i vot pointer l' verdure.
L' brav' Cafougnette i s' réjouit.
Comm' les feuill's sont sont d'eun' bell' vénure,
Es' figure all' s'épanouit.
Enfin il voit pointer du feuillage
Le brave Cafougnette s'en réjouit.
Comme les feuilles augurent un bon présage
Sa figure s'épanouit.
Les Pâqu’s arriv’nt dins l’intervalle,
Et l’ Zeph i met sin grand gilet
Pour d’aller trois jours à l’ noc’ Chales,
Un d’ ses cousins, dins l’ Pas-d’-Calais.
Les Pâques arrivent dans l’intervalle,
Et Zeph met son grand gilet
Pour aller trois jours à la noce de Charles,
Un de ses cousins, dans le Pas-de-Calais.
S’ femm’ fait s’ lessiv’ pindant c’ voyache,
Et s’ sert du gardin comm’ curoir.
Quand Cafougnett’ r’vient du mariache,
S’ parc ed’ peun’s-tierre i-est plein d’ mouchoirs.
Sa femme fait la lessive pendant son voyage,
Et se sert du jardin comme étendoir.
Quand Cafougnette revient du mariage
Son parc de pommes de terre est plein de mouchoirs.
In arrivant, s’ première affaire,
Sans mêm’ r’tirer s’ capiau-montant,
Ch’est d’aller vir à ses peun’s-tierre.
S’ parc i-est couvert ed’ carrés blancs :
En arrivant, sa première affaire,
Sans même retirer son chapeau montant,
C’est d’aller voir ses pommes de terre.
Son parc est couvert de carrés blancs :
« Eh bin ! Cha va ! cri’ Cafougnette.
Ah ! ch’est des mouchoirs qu’i-a poussé !
C’ cop-chi, femm’, not’ fortune est faite.
J’ les conserv’ pou les arpiquer.
"Eh, bien ! Cà va ! Crie Cafougnette.
Ah ! Ce sont des mouchoirs qui ont poussé !
Cette fois-ci, femme, notre fortune est faite.
Je les conserve pour les repiquer.
Si d’un bout d’ loqu’ qui s’effiloche
In obtient d’ parels résultats,
In r’plantant ces mouchoirs dé poche,
L’anné’ qui vient, j’arai des draps ! »
Si d’un bout de loque qui s’effiloche
On obtient de pareils résultats,
En replantant ces mouchoirs de poche,
L’année qui vient, j’aurai des draps !"
Jules Mousseron (1868-1943) est né dans un coron du Nord de la France.
Il descendra pour la première fois à la fosse à l'âge de 12 ans, certificat d'études en poche. Si dures que puissent être ses journées, il suivra des cours du soir et satisfera sa boulimie de
lire en achetant ses premiers ouvrages de référence au marché de Denain.
Autodidacte, il commencera à écrire en français jusqu'au jour où l'écrivain André Jurenil lui conseille d'écrire en patois.
"Rapporteur" également de la" tradition ouvrière des mineurs du Pays noir", il publiera en 1897 son premier recueil de poésies et de chansons "Fleurs d'en bas", suivi de douze volumes au
cours des trente années qui suivirent.
Tout en restant mineur, il se donnait régulièrement en spectacle en récitant ses poèmes devant un public enthousiaste. Il créera ensuite son héros "Zeph Cafougnette", mineur vantard et arsouille,
dont il contera les mésaventures dans des textes rimés.
Durant un demi siècle, il chantera les joies et les peines des mineurs et décrira avec sensibilité les reflets de son époque, la vie de tous les jours et les valeurs du milieu ouvrier.
Beaucoup ont oublié le nom de ce "carbonnier" poète patoisant, mais vous trouverez toujours un ch'timi pour vous raconter une "cafougnette" (blague dérivée mais, sans aucun rapport avec les
écrits de Jules Mousseron).