AU DELA DE LA HAINE
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Quand j’ai emménagé dans mon appartement de garde républicain, j’avais amené les parents pour qu’ils voient mon « chez-moi ». Connaissant mes talents très limités en bricolage et décoration, ils passèrent le week-end à en faire un endroit décent et agréable, qui me permit de faire entrer sans honte, un peu plus tard, ma douce Anaïs.
Je savais que le chef m’avait à la bonne et qu’il n’était dupe de mes relations avec sa fille, parce que lorsque son épouse avait vu un peu grand dans la préparation d’un bœuf bourguignon ou d’un cassoulet, il disait à Anaïs, va donc en porter une part au gamin du dessus, ça lui changera des sandwiches et des pizzas, et puis il oubliera le mal du pays… Si ça c’est pas jeter le petit chaperon rouge dans la gueule du loup ! Rires…
Je ne sais pas pourquoi les gens qui m’ont côtoyé ont toujours généralement éprouvé de la sympathie à mon égard.
Mais « parce que tu es un bon garçon » répondrait maman…
Un bon garçon dont tout le monde se tape… Sinon je ne serai pas entrain de crever là tout seul comme un chien…Est-ce que je mérite vraiment cette indifférence ?
Anaïs, j’aimerais tellement savoir si tu as vraiment cessé de m’aimer. Il me semble que si je savais à quel moment j’ai cessé de compter définitivement pour toi, je pourrais alors cesser de m’accrocher à cette vie qui n’en est plus une depuis longtemps… Je pourrais enfin trouver la paix…